A l’aube de deux séquences électorales déterminantes pour l’avenir de notre pays, en 2021 les élections départementales et régionales et en 2022 les élections présidentielle et législatives, la FSU Occitanie (Fédération Syndicale Unitaire) a souhaité éclairer le débat politique en portant ses propositions et ses analyses.

La conception de l’orientation qui tend à se développer se traduit par un glissement de plus en plus marqué vers sa réduction à la seule question de l’information : l’accent mis sur le « tout information » nie les dimensions psychologiques et sociales en jeu dans la construction par les jeunes de leurs parcours de formation, au profit des seuls critères scolaires et comportementaux. Dissocier l’orientation scolaire de ses aspects liés au développement psychologique des élèves reviendrait à se priver d’un levier d’évolution et de réussite possible pour eux.

Dans le même temps, le champ de l’orientation au cours de la formation initiale voit se développer de multiples fondations et associations d’un genre nouveau, qui se proclament “spécialistes” de l’orientation, mais dont la légitimité est douteuse. Le plus souvent, elles participent de la diffusion de valeurs essentiellement issues d’une vision libérale des individus en construction, et, sous couvert d’innovations, promeuvent principalement des modèles adéquationnistes ou se chargent de la seule promotion de champs professionnels qu’elles représentent ou qui les financent discrètement. La possibilité ouverte par la loi, de recourir à des délégations de Service public en matière d’information, par exemple auprès de ces associations (créées à l’initiative de parents, de syndicats patronaux de branche, de grandes entreprises, etc.), pose la question de la qualité des intervenant-e-s éventuellement retenu-e-s et de leur capacité à développer un discours qui ne mette pas en cause les valeurs essentielles du Service public : neutralité, information complète et impartiale, qualité et professionnalité des intervenants.

Pour la FSU, le site meformerenregion.fr illustre parfaitement ces dérives et entretient la confusion des genres, puisque des interlocuteurs de natures très différentes y sont institutionnellement mis sur le même plan, et que les Centresd’Information et d’Orientation (CIO) – qui offrent la particularité de permettre la rencontre avec des Psychologues de l’Éducation Nationale spécifiquement formés sur les aspects psychologiques et experts des processus d’orientation -, y sont relégués au second plan.

La mise en place par la Région des Maisons de l’orientation, sur une logique de guichet unique qui se veut une réponse de proximité, rend possible une dénaturation des missions spécifiques des Psychologues de l’Education nationale, et engendre une forme de confusion des missions causée par la diversité des publics qui fréquentent ces lieux. La perte de compétences qui en découle pour des personnels nécessairement amenés à devenir interchangeables et plus polyvalents est, pour la FSU, préjudiciable à la qualité du service rendu. A terme, c’est donc le risque de la perte de compétences, ou tout au moins leur dilution, qui pèse sur les usagers.

Nos demandes

Nous demandons à l’Etat la préservation des sites des CIO, en proximité avec les publics accueillis, qui éprouvent souvent des difficultés à se déplacer dans les grands centres urbains dont ils sont parfois très éloignés, particulièrement dans notre vaste région. La préservation du lien physique avec ces publics est essentielle, et la proximité ne peut prendre la forme d’un relais numérique, de fait extrêmement sélectif, anxiogène et loin de répondre aux blocages sociologiques et psychologiques qui caractérisent souvent les publics fragiles : son effet repoussoir et déshumanisé ne convient pas à un public en attente de relations de confiance et personnalisées.

La mission d’information, désormais compétence régionale, pose de nombreuses questions, notamment sur le rôle et la place que la Région Occitanie compte jouer dans le cadre de l’évolution de l’ONISEP. Le transfert des ONISEP aux régions engendre une perte de compétence manifeste, y compris dans la production d’une information fiable et de qualité.

Enfin, la crise sanitaire a imposé, pour cette année 2020/2021 et pour la première fois dans l’académie de Toulouse, l’annulation du salon InfoSup sous sa forme habituelle. Son remplacement par des solutions numériques et/ou le renvoi à des formes d’organisation déléguées aux lycées qui n’ont pas les moyens humains ni les relais pour proposer un service de qualité équivalente, ne peut être que provisoire. En outre, ce salon demeure le seul salon public consacré à l’orientation et accessible à tous les lycéens de l’académie de Toulouse.

La FSU demande à l’État un gel des fermetures de CIO et le maintien des sites actuels, en proximité des usagers. Elle demande donc à la Région Occitanie de s’abstenir d’agir dans le sens d’une fragilisation du réseau actuel des CIO, déjà très menacé, en limitant son action à la mise en place des mal nommées “Maisons de l’orientation”, et procédant à la transformation de leur appellation en “Maisons de l’Information et des Formations”. La FSU demande une concertation accrue avec les professionnel-le-s d’État de l’orientation et leurs organisations représentatives avant toute décision d’implantation et de développement de ces “Maisons”. La FSU demande en outre des garanties, notamment d’ordre statutaire et sur les missions des personnels de l’État qui seraient amenés à exercer, sur la stricte base du volontariat, dans des “Maisons de l’Information et des Formations”.

La FSU demande plus spécifiquement à la Région Occitanie :
– de clarifier ses positions sur le rôle qu’elle entend jouer pour consolider le réseau ONISEP / DRONISEP locale, largement mis à mal par la loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel », et pour ses personnels ;
– de ne pas contractualiser, par voie de délégation de service public ou autre, l’exercice de sa compétence “Information” à des associations ou fondations, et de recruter sous statut de fonctionnaire des personnels permanents compétents, formés et encadrés, pour assurer la mission d’information qui est la sienne ;
– de ne pas exercer de missions sur le terrain de l’orientation scolaire, qui n’entre pas dans son champ de compétences ;
– un engagement renouvelé de la Région Occitanie dans l’organisation physique et matérielle du salon InfoSup, seul salon public de l’orientation post-baccalauréat existant dans l’académie de Toulouse, et sa déclinaison à celle de Montpellier.

De manière générale, sur le dossier Information/Orientation, la FSU appelle de ses vœux un renforcement du dialogue avec les représentant-e-s élu-e-s des personnels.

 

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