Édito

Promesse de campagne !

En cette rentrée 2017, quatre mois après son élection, M. Macron a, de fait, renoncé à sa promesse électorale de faire de l’égalité femmes-hommes une grande cause nationale. Elle a été supplantée par une autre promesse, celle d’économiser 60 milliards d’euros sur cinq ans. À la diète donc le secrétariat d’État, en lieu et place déjà d’un « ministère plein et entier des droits des femmes », autre promesse n’engageant que ceux et celles qui y croient.

Une coupe donc de 25 % sur le plus petit budget de l’État et qui représentait en 2016, selon un rapport du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, 0,006 % du budget global de l’État. Le secrétariat d’État voit ainsi son budget passer à 20,1 millions d’euros et Madame Schiappa annonce qu’elle étudiera « finement » chacune des demandes de subventions adressées par les associations.

Les chiffres du nombre de femmes tuées en 2016 par leur partenaire ou ex partenaire de vie ont été publiés par Libération le 1er septembre 2017. En effet, selon une étude complète publiée par le ministère de l’Intérieur, 123 femmes ont encore été assassinées, soit une tous les trois jours. Alors oui, Monsieur Macron et Madame Schiappa, il est toujours aujourd’hui nécessaire de protéger les victimes, de mieux les accompagner et les associations, du fait de leur expertise, sont essentielles et doivent bénéficier de moyens pour aider directement ces femmes mais aussi pour la formation des professionnel-les en charge de les accueillir.

Nous devons toutes et tous poursuivre notre mobilisation contre les violences faites aux femmes, tous les jours et encore plus fortement le 25 novembre prochain, journée internationale, alors que 78 femmes sont déjà tombées sous les coups de leur actuel ou ancien compagnon depuis le début de l’année 2017, dont une camarade militante de la CGT tuée par son conjoint fin juillet.

Autre sujet d’approximation où l’on voit Madame Schiappa cantonner encore les femmes à leur rôle de mère : l’annonce réitérée par la secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes de « la création d’un dispositif de VAE de jeunes parents afin de transformer leur expérience parentale en CAP petite enfance ou en diplôme d’État d’éducatrice de jeunes enfants. » Si le souci de voir des mères précaires intégrer le marché de l’emploi est louable, c’est tout de même prendre le problème à l’envers et oublier les raisons de ces situations : aujourd’hui 80 % des tâches domestiques et d’éducation des enfants reviennent aux femmes, elles ont moins de poste à responsabilité et seulement 2 % des pères prennent un congé parental. La priorité, c’est augmenter l’attractivité des métiers de la petite enfance, démocratiser les formations diplômantes, les revaloriser, avant de vouloir y intégrer des personnes qui sont éloignées du marché du travail et à qui on ne demande pas ce qu’elles ont vraiment envie de faire. Osez le féminisme ! le rappelle : « D’un avis unanime, les associations lui ont alors indiqué que son projet n’était pas une solution au vrai problème que rencontrent les mères. Il ne permettait ni de reconnaître leur travail en tant que parent, ni de les soutenir ».

Enfin, les ordonnances modifiant le Code du travail n’épargneront pas les femmes tant elles constituent toujours les situations professionnelles les plus précaires.

Et dire que l’égalité femmes-hommes est grande cause nationale ! Ouf !

Laurence Le Louët


Source: fsu11