Le dernier Conseil Académique des Langues Régionales s’est tenu le 31 mai dernier.

 

Madame la rectrice ouvre le CALR en affirmant son engagement à poursuivre la dynamique enclenchée
depuis la nouvelle gouvernance du rectorat au sujet des langues régionales. Elle confirme la volonté académique de diffuser et de valoriser les langues régionales dans l’enseignement et souligne que le CALR s’est tenu deux fois cette année.

Mare Nostrum
La séance commence par un ajout à l’ordre du jour: le nouveau dispositif Mare Nostrum. La rectrice commence par développer ce point en précisant brièvement les modalités de ce parcours et soulignant son intérêt pédagogique. A partir de la 5°, le parcours Mare Nostrum associe obligatoirement une Langue ancienne (latin et/ou grec) et une ou plusieurs langues vivantes étrangères ou régionales. A ce jour 19 établissements de l’académie se sont inscrits dans ce parcours pour la rentrée prochaine 2022-2023, dont 11 impliquent le catalan ou l’occitan. Une heure est dédiée à ce parcours, financée par l’enveloppe académique. La rectrice y voit 3 axes à développer :
• Le développement professionnel des enseignants avec le prisme international, le lien avec recherche
et l’utilisation des outils numériques.
• La valorisation des LVR au moyen du croisement entre plusieurs langues, ce qui favorise l’acquisition
de toutes les langues, y compris le français
• Les échanges culturels et linguistiques (virtuels ou réels) Pour la rectrice, Mare Nostrum est un levier de réussite.

Tour de table
Tous les membres du CALR commencent leur intervention par des remerciements à la rectrice et par l’expression de leur satisfaction devant les avancées réalisées depuis quelques mois en matière d’ouverture de cursus, de tenue régulière du CALR et des groupes de travail et comités de pilotage.

La Région, représentée par Benjamin Assié, souligne la pertinence du dispositif Mare Nostrum dans notre région, en raison des deux langues romanes que sont le catalan et l’occitan, mais demande des précisions sur les modalités, et en particulier sur les moyens spécifiques alloués. Il demande que l’heure allouée soit financée par l’Etat, qui assumerait ainsi ses engagements, et non par l’Académie.
M. Assié réaffirme le souci de la Région de la visibilité des LVR dans l’espace public.
Il évoque aussi l’offre généralisée de l’enseignement bilingue en catalan à la rentrée 2023, et l’engagement de la Région dans le projet «Cultura Viva», en partenariat avec les Offices Publics. Enfin, il se réjouit de la signature du contrat cadre pour l’enseignement du Catalan, prévue début juillet.

La FSU a distribué auparavant sa déclaration aux membres du CALR. Cette déclaration a elle été lue attentivement par la rectrice et ses collaborateurs. La FSU insiste sur la nécessité d’augmenter les postes aux concours, la difficulté à recruter, les cursus bilingues, la politique des moyens en collège et lycée qui doit être intensifiée et la formation universitaire (Master MEEF) proposée à Mende et Carcassonne.

L’OPLO se félicite du travail réalisé avec les DASEN pour recenser les enseignants ayant des compétences en occitan.

Le CREO par la voix de MJ Verny évoque le dispositif de formation continue Ensenhar, et s’inquiète de l’ouverture du marché à l’offre privée. Le CREO affirme que cette formation devrait revenir aux universités et INSPE et non aux officines privées. L’académie de Montpellier ayant à prendre en charge l’enseignement de deux langues régionales, devrait bénéficier de moyens spécifiques en plus pour ne pas prendre des moyens aux enseignements communs à tout le territoire. Le CREO nuance les progrès réalisés dans le premier degré, qui ne doivent pas cacher le désastre de la situation des LR dans le Second degré, en particulier depuis la réforme du baccalauréat. Le CREO déplore la perte de nombreuses heures d’enseignement en occitan, du fait que les enseignants du 2d degré enseignent de plus en plus dans leur valence.

Evolution de la carte des langues régionales à la rentrée 2022
Premier degré

CATALAN
• ouverture d’une section bilingue à parité horaire dédoublée en GS à Perpignan (école Pasteur
Lamartine)
• implantation d’intervenants de l’APLC sur 22 classes élémentaires de Canet

OCCITAN

• Aude : ouverture d’un cursus bilingue à Montréal (GS)

• Gard : ouverture d’un cursus bilingue à Vauvert (MS) et renforcé en élémentaire en CP au CE2

• Hérault : ouverture d’un cursus bilingue à Villeneuve-lès-Beziers

• Lozère : ouverture d’un enseignement renforcé à Banassac, cycle 2 ouverture d’un enseignement renforcé à Langogne, cycle 1 et 2
ouverture d’un enseignement renforcé à Florac, cycle 2 (continuité du site bilingue en
maternelle)

ouverture d’un enseignement renforcé en classe unique à Altier
poursuite d’un enseignement renforcé à Villefort en cycle 2 et 3

Second degré

CATALAN
• Enseignement LV : option fac 6e au collège de Saint cyprien (185 élèves de CM2 de 4 communes concernées)
• Mare Nostrum : LCA + Catalan : 5e ou 2nde dans 7 établissements des PO 4 collèges (St André, Arles, Prades, Rivesaltes), 3 (Arago, Bourquin Argelès, Maillol) + Andorre en lycée
• Bilingue immersif (privé) : 2e collège La Bressola à Canet

OCCITAN

• Aude : ouverture d’une section bilingue au collège de Lézignan, avec DNL en HG
• Gard : DNL arts-plastiques au collège d’Alès (projet innovant) ouverture de l’occitan en LVB et LVC au lycée de Milhaud

• Hérault : ouverture de l’occitan en option facultative au collège V Hugo de Sète
ouverture de l’occitan en option facultative au collège d’Agde Mare Nostrum au collège de Lodève (pour dynamiser l’existant)
Mare Nostrum au collège de Mèze
poursuite de l’EDS au lycée Clémenceau de Montpellier, en distanciel depuis rentrée 2022, et poursuite de la seconde à coloration occitan. A la rentrée 2022, ouverture PPPE avec deux heures par semaine en Occitan sur ce lycée.

• Lozère : Mare nostrum à La Canourgue (suite à projet parcours roman) hausse horaire sur Bourrillon à Mende (de 5 à 8h)

INSPE

• formation au CRPE spécial alternante et en distanciel entre Mende et Carcassonne à la rentrée universitaire 2022.

Echanges de la salle au sujet de la carte des langues présentée

Rectrice : les évolutions sont particulièrement marquantes et sont le résultat de l’engagement du rectorat, d’un gros travail collectif ainsi que de la mobilisation de moyens académiques pour financer toutes ces ouvertures. Il reste un travail à mener sur les poursuites d’études en LVR.

L’APLEC parle d’ouvertures sur toutes les écoles de Sainte Marie de la mer, et exprime son souhait d’attirer en licence un plus grand nombre d’étudiants suivant un cursus du Catalan.

L’université Paul Valéry présente ses formations et se félicite de la réussite des lauréats aux concours du CRPE spécial et agrégation formés par l’université, mais déplore la baisse des effectifs dans les formations proposées en occitan depuis la réforme du baccalauréat. Elle regrette que la bourse accordée dans le dispositif Ensenhar ne soit pas accordée aux candidats du 2d degré.

Le CREO reprend l’idée et demande à l’OPLO de financer par bourse la formation Ensenhar pour les candidats au concours du 2d degré et demande que priorité soit accordée au public.
La Région répond que les Offices Publics ont été crées par les Ministères et la Région et qu’ils sont conçus pour être un outil partagé pour des compétences partagées. Par ailleurs il précise que les Offices Publics sont sous-dotés en matière de budget par rapport aux ambitions qu’ils recherchent. M. Assié réaffirme que les Offices financent tant le public que le privé.

La FSU demande des précisions sur le dispositif Mare Nostrum : le dispositif est-il rendu obligatoire aux élèves suivant l’enseignement des langues concernées, ou bien est-il soumis au choix des familles ? De quelle manière est-il valorisé au brevet ?
L’IPR des langues Cyril Mérique répond que Mare Nostrum doit être choisi par les familles. Au brevet, l’élève peut valoriser son parcours par un projet. (Réponse floue et peu convaincante…) L’heure peut être co-animée entre les différents profs.

La FSU soulève le problème du distanciel pour l’enseignement de l’EDS au lycée Clémenceau, destiné aux élèves de l’académie. Il demande à redynamiser l’enseignement optionnel dès la seconde afin d’employer le vivier des enseignants d’occitan disponibles dans l’académie et surtout employés à enseigner leur valence.
La FSU précise qu’un cursus de catalan a fermé, ce qui n’est pas précisé dans le tableau et nuance un peu à la baisse le tableau des ouvertures.

Formation continue, projets en enseignement des langues vivantes régionales et concours de poésie.

• retours sur le séminaire académique occitan-catalan du 1er avril 2022.
• bilan de la formation continue des enseignants en 2022
• bilan des projets pédagogiques du 1er et du 2d degrés en catalan et en occitan.
• bilan du concours de poésie

Bilan des actions réalisées en lien avec les Offices Publics des langues régionales.

• documents de promotion de l’occitan et du catalan, conformément à la commande du rectorat.
• objectif de réaliser un manuel scolaire à la rentrée prochaine en catalan.
• Accord cadre pour le catalan entre le rectorat et la Région (plus un autre signataire, lequel?)

L’OPLO ajoute
• le kit orientation destiné aux élèves
• l’opération chèque-livre
• les ambassadeurs lycéens

Madame la rectrice clôt la séance à 16h passées, malgré d’autres demandes d’intervention. Elle remercie les participants et réaffirme sa volonté de dialogue ainsi que la poursuite du travail engagé.

Conclusion FSU

L’ambiance des CALR a clairement changé depuis la signature de l’accord cadre Etat-Région, le dialogue est ouvert et les participants sont entendus. Le travail a bien avancé au cours des groupes de travail et a permis des ouvertures de sections, surtout dans le premier degré.

Cependant, plusieurs participants (FSU, CREO, Université) ont souligné l’effet dévastateur de la réforme du lycée et du baccalauréat, entrainant une fonte très prononcée des effectifs en lycée, avec des répercutions dans le supérieur. Les enjeux immédiats sont donc là pour l’enseignement de l’occitan et du catalan : redynamiser au plus vite le second degré.

 

Les représentants FSU au CALR de l’Académie de Montpellier, Hervé Fumel, Estèle Lame et Frédéric Traby