Le groupe de travail départemental Occitan de début d’année scolaire s’est tenu mardi 4 novembre à la DSDEN.
Sous la présidence du DASEN, le groupe de travail animé par Fabienne Albert, conseillère pédagogique départementale Occitan et Christophe Causse, chargé de mission IPR, réunit des représentants et des représentantes de la Région, du Département, de l’Office Public de la Langue Occitane (OPLO), de la fédération Calandreta et des représentantes et des représentants du personnel.
En introduction, M. Laporte, DASEN, souligne la réussite du groupe de travail qui repose sur la qualité du partenariat. En effet l’occitan se porte bien dans l’Aude où a lieu le seul groupe de travail qui mobilise autant de personnes et de partenaires différents. La volonté de progresser et de travailler en équipe y est manifeste.
Le DASEN veut mettre en évidence les perspectives de développement et les réussites des élèves, les aspects pédagogiques qui confortent la place de langue vivante régionale : au-delà des aspects patrimoniaux et culturels, il s’agit de montrer comment l’occitan s’inscrit dans un parcours d’orientation et constitue un levier fort de réussite.
1) Effectifs des élèves à la rentrée 2025 :
Sensibilisation et bilangue : 3127 élèves (n-1 : 3196)
Renforcé 63 élèves (n-1 : 72)
Classes bilingues : 303 (n-1 : 307)
Calandretas 420 (n-1 : 456)
Collèges 167 dont 106 bilingues (n-1 : 216 dt 111)
Lycées : 30
Ces chiffres montrent une apparence de recul, mais il en ressort plus exactement une stabilité relative des effectifs eu égard à la baisse démographique générale.
Une carte de l’implantation de l’enseignement de l’occitan dans l’Aude est présentée, avec les années d’ouverture des dispositifs. Elle montre un développement au fil des années dans le Narbonnais mais toujours des zones blanches dans le Limouxin et la Haute-Vallée de l’Aude.
Concernant le premier degré, la FSU demande quelles sont les perspectives pour les écoles de Bram, Castelnaudary, Limoux et Gruissan. Le DASEN répond qu’il y a un souhait d’extension mais pas de visibilité à l’heure actuelle sur leur réalisation.
Alors que la situation de Castelnaudary est abordée, la FSU insiste sur la nécessité pour la cohérence des parcours qu’il y aurait à y implanter l’enseignement de l’occitan en école Primaire, étant donné sa présence au collège St Exupéry de Bram et au collège des Fontanilles de Castelnaudary.
La FSU demande également s’il existe des postes de remplaçants fléchés occitan dans le premier degré. Il y a en effet un besoin d’assurer le remplacement long des collègues ayant un poste fléché.
Mme Mailho, adjointe au DASEN, répond qu’il n’existe pas de poste de remplaçant fléché, en application de la circulaire de 2021. Pour autant, les besoins sont identifiés en début d’année. Il y a cette année deux titulaires remplaçants en brigade de remplacement habilités à enseigner l’occitan dans l’Aude.
Concernant le second degré, M. Causse, chargé de mission IPR, se réjouit qu’une deuxième heure ait été accordée au collège Brassens de Narbonne. Elle permet de développer l’occitan dans d’autres niveaux que la Sixième. Cela avait fait l’objet d’une revendication de la FSU.
La situation du Lycée Lacroix de Narbonne est longuement évoquée : l’occitan y est proposé depuis le mois de juin pour 2 heures par semaine et la collègue y a fait un remarquable travail de promotion mais aucun élève n’y est inscrit. On peut déplorer une ouverture tardive dans l’année et une communication institutionnelle insuffisante. Pour le DASEN, il n’y pas d’inquiétude à avoir : des séances de sensibilisation peuvent être menées sur ces deux heures, qui devraient permettre de recruter des lycéens à la rentrée 2026. M. Causse propose de passer dans les classes de Troisième pour informer les élèves sur le parcours d’orientation et les métiers liés à l’occitan. M. Blachon, de l’OPLO (Office public pour la langue occitane) propose d’être présent aux journées portes ouvertes du Lycée. Enfin M. Cros, chargé de mission catalan-occitan auprès de la région, propose de mobiliser la maison de la Région ainsi que la Scène nationale de Narbonne, qui valorise l’occitan dans sa programmation culturelle.
La FSU sera attentive à la situation de l’enseignement de l’occitan au lycée Lacroix à Narbonne, ainsi qu’au lycée Germaine Tillion de Castelnaudary, où l’ouverture n’a finalement pas pu se faire alors que des élèves étaient volontaires.
2) Continuité des parcours bilingues
La FSU demande si le suivi de cohortes dans les écoles proposant l’enseignement bilingue va nécessiter des ouvertures de classes pour la rentrée 2026 et si oui, dans quelles écoles cela est envisagé. Cela concerne l’école élémentaire Jean Jaurès de Narbonne pour la montée de la cohorte en CE1 avec 29 élèves et celle de Montréal d’Aude pour la montrée de la cohorte en CE2. Le DASEN répond qu’il n’a encore aucune connaissance des moyens donnés à la rentrée 2026. Mme Mailho affirme qu’au-delà du nombre de professeurs, des salles de classes risquent de manquer. Pour la FSU, il est primordial de donner les moyens de construire la continuité des parcours.
3) Formation initiale et continue
Un retour est fait sur la formation des enseignants bilingues en cycle 1 et le plan pluriannuel de formation. Le stage académique occitan annuel est prévu cette année au Grau d’Agde. Pour les enseignants du premier degré, des animations pédagogiques pourront avoir lieu sur les 6 heures de formation non réservées aux enseignements fondamentaux de maths et de Français. Mme Mailho explique qu’après plusieurs années où ces 6 heures ont été dévolues à des formations obligatoires (laïcité et valeurs de la République), du temps est dégagé cette année pour des animations pédagogiques au choix des enseignants. La FSU demande si ces animations sont comprises dans les plans de formation continue et les 18h d’animation, dans les différentes circonscriptions de l’Aude. Mme Albert, conseillère pédagogique départementale en langue régionale occitan, organisera une animation sur la circonscription de Carcassonne, qui aura lieu à Conques-sur-Orbiel. Elle se tient à la disposition des collègues des autres circonscriptions, mais la FSU déplore que cela se fasse sur le temps personnel des enseignants et qu’une telle disparité existe selon les circonscriptions.
De la même façon, le dispositif DAL, Devenir Autonome en Langue est proposé aux enseignants sur leur temps personnel. Il consiste en 18 heures de formation, que ce soit pour le premier degré, ou pour se former à une discipline non linguistique au second degré.
M. Blachon propose de créer un sondage auprès des enseignants pour voir quelles sont les ressources dormantes passées au gré des mouvements.
M. Causse présente le projet académique « L’intelligence artificielle au service de l’enseignement de l’occitan » ainsi que le cercle d’étude de production de ressources, la formation interlangue second degré, et la journée de l’inspection qui consiste en des rencontres entre enseignants bilingues de cycle 3 et enseignants de collège. Mme Albert suggère que des rencontres aient aussi lieu entre enseignants de collèges et de lycées.
Mme Verny, présidente du CREO-Lengadòc, regrette que le webinaire académique ait été très bureaucratique et manquait de chair. Elle propose qu’il soit remplacé par un échange d’expériences entre collègues.
M. Arbousset, professeur formateur à le faculté d’Education de Carcassonne présente la formation initiale, existant depuis 2003 à Carca. La maquette de formation prévoit que les étudiants fassent le stage en section bilingues mais on rencontre une difficulté à leur fournir des supports. Cette situation insatisfaisante montre la nécessité d’avoir des MAT (maitres accueil temporaire) en enseignement bilingue et d’améliorer leur implantation afin que les lauréats du concours soient affectés dans une classe bilingue. Mme Mailho affirme que plus d’une centaine d’enseignants sur le département peuvent accueillir des étudiants. On peut cependant se demander comment est organisé ce vivier.
Mme Verny demande combien d’heures de formation en langue les étudiants reçoivent par semestre à la FDE afin que les futurs enseignants soient capables d’assurer leur enseignement en occitan. M. Arbousset répond que les dossiers d’accréditation des futures plaquettes sont en cours, mais qu’il devrait y avoir 30 heures par semestre soit 180 heures sur une licence.
Mme Verny déplore ce nombre d’heures insuffisant et demande si l’obtention d’une licence d’occitan permettra d’intégrer un master. La réponse est positive.
M.Causse évoque l’ouverture du CAPES en L3, la réouverture du CAFEP qui avait fermé l’an dernier et l’agrégation de langues régionales, dont le programme est paru en juillet. Mme Verny précise que cette dernière a failli être supprimée cette année et n’a pu être rétablie qu’au terme d’une bataille âpre.
4. Projet académique sur la valeur ajoutée de l’enseignement bilingue
Une étude exposée par Mme Albert montre un impact significatif de l’apprentissage de l’occitan sur les résultats en Mathématiques et en Français au DNB, ainsi que sur l’obtention du niveau de compétences « très satisfaisant » au pilier Langues vivantes étrangères ou régionales du socle commun.
Une seconde enquête a été menée auprès des élèves de CE2 et CM2 lors des évaluations nationales pour apprécier la plus-value de l’occitan. Elle a concerné une école dans chaque département. Il en ressort 80 % de réussite pour une compétence de grammaire évaluée en occitan contre 68% en français. Mme Verny demande des précisions sur le déroulé de l’épreuve. La compréhension de l’oral sera testée au mois de mai.
M. Albert, président de la fédération audoise des Calandretas, est intéressé pour participer à l’échantillonnage afin de pouvoir comparer les compétences des élèves bilingues et ceux en immersion. Il se porte également volontaire pour accueillir des étudiants en stage. Pour la FSU, il est capital que les étudiants soient accueillis et formés dans l’enseignement public.
5. Avancée du projet « Palancas »
Un point est fait sur le déroulement de ce projet porté par M. Arbousset en collaboration avec le laboratoire LIRDEF. Il est actuellement testé par une classe par département avant d’être proposé à toutes les classes de l’académie. Il fera l’objet d’une intervention lors d’un colloque universitaire à Bordeaux.
6. Présentation du projet académique Bufa, bufa, Ventolet et des projets second degré
Ce projet à destination du premier degré fait l’objet d’un croisement entre l’enseignement de l’occitan et celui des sciences, donnant lieu à des activités et séquences interdisciplinaires.
Le rassemblement occitan aura lieu les 9 et 11 juin. Les ressources figurent désormais sur tribu. La FSU pose la question de son financement. M. Cros reconnaît des difficultés budgétaires nationales, qui impacteront certainement le budget régional à voter en février prochain. Pour autant, ce projet reste une priorité réelle pour la Région qui ne doute pas de son financement. M. Arbousset s’inquiète du choix de ne plus fournir de CD aux enseignants. Pour Mme Albert, cet objet était intéressant mais devient obsolète. La Région finance toujours les auteurs et illustrateurs.
Mme Verny annonce que le CREO organise le festival des langues et cultures catalanes et occitanes Total Festum qui aura lieu à Lézignan Corbières cette année le 16 mai. Elle rappelle que le CREO finance des projets pour les enseignants adhérents.
M. Rouch, représentant de l’Institut d’Études occitanes, évoque les interventions à venir de l’IEO : contes et expositions.
7. Présentation de la convention cadre et calendrier pour la déclinaison académique
La convention cadre nationale sera signée la semaine du 10 novembre, le travail sera ensuite mis en place avec des objectifs départementaux puis académiques. Cette convention cadre demande des objectifs par département en fonction desquels une convention académique sera rédigée.
Mme Verny demande ce que la DG-Sco a concédé en termes de moyens spécifiques. Elle salue une bonne volonté dans les groupes de travail et CALR, mais se demande comment peser auprès des chefs d’établissement sans moyens. Elle déplore un manque d’égalité selon les académies. M. Causse reconnaît que la convention évoque la capacité de former jusqu’à 300 enseignants par an, mais sans précision de moyens alloués. M. Arbousset déplore que son homologue de la FdE de Montpellier ne soit pas associée aux travaux de la convention cadre.
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