Mardi 7 juin s’est tenu ce qui était en fait la deuxième séance du groupe de travail académique sur le fonctionnement du PIAL, avec 4 thèmes de travail : animation et pilotage du PIAL, formation des AESH, communication des outils et conditions de travail des AESH.
Ces 4 thèmes avaient été choisis lors de la première réunion du 8 février, que Mme Lopes, Directrice des Ressources Humaines du Rectorat avait organisée suite aux mobilisations des AESH, en particulier celle du 19 octobre dernier, qui avait été l’occasion de dénoncer les dysfonctionnements majeurs dans la mise en place des PIAL.
La FSU avait alors dénoncé une mise en place chaotique des PIAL, qui avait aggravé les conditions de travail des AESH et les conditions d’accompagnement des élèves en situation de handicap, en renvoyant au niveau local la gestion de la pénurie, c’est-à-dire du recrutement insuffisant d’AESH.
La réunion était animée par Guilllaume Laffitte, Conseiller Technique École Inclusive de la Rectrice, avec Loïc Le Fraillec, chef d’établissement, Céline Martinez et Élodie Peyre, conseillères RH de Proximité de la Lozère et Caroline Sitjas, ancienne référente AESH de l’Hérault, désormais ingénieure de formation à la DAFPEN.
Étaient présents au titre de la représentation des personnels : 4 FSU dont 2 AESH en poste, 1 FO (enseignant), 2 UNSA (enseignants) et 2 SNALC (enseignants dont une enseignante contractuelle anciennement AESH)
En préambule, Mmes Martinez et Peyre ont présenté quelques résultats de l’enquête qui avait été réalisée par mail auprès des AESH de l’Académie en début d’année. 950 AESH sur les 6000 de l’Académie ont répondu.
La question des problèmes liées aux adresses électroniques professionnelles a été évoquée : un certain nombre d’AESH ont des problèmes d’accès à leur boîte, et d’autres ont en fait plusieurs boîtes qui se sont créées automatiquement à chaque renouvellement de contrat. M. Laffitte estime qu’un travail important est à faire pour régler ces problèmes. Il pense que le regroupement de la gestion administrative et financière des AESH « titre 2 » (gérées par les DSDEN) à la DSDEN du 66 peut faciliter la solution de ce type de problème. Il annonce également que le regroupement de la gestion AESH « hors titre 2 » (gérées par les établissements mutualisateurs) dans un établissement des Pyrénées-Orientales est également envisagée.
Pour la FSU, il est important que les procédures soient harmonisées au sein de l’Académie. Il faudra cependant que les personnels affectés à la gestion des AESH soient en nombre suffisant.
M. Laffitte indique qu’il travaille avec les DSDEN à une harmonisation de la procédure de demande d’autorisation d’absence.
Animation et pilotage du PIAL
Il apparaît que très souvent les missions des différents acteurs du PIAL n’apparaissent pas clairement (bien qu’elles soient définies d’un point de vue réglementaire). Un manque de cadrage des protocoles se fait sentir. Certains coordonnateurs et coordonnatrices restent inconnus des AESH du PIAL. Du coup, la mise en œuvre des emplois du temps et l’attribution des élèves accompagnés n’est pas toujours faite dans le cadre d’un dialogue dans lequel les AESH pourraient apporter leur expertise et leur connaissance des enfants concernés. Les membres du groupe de travail ont proposé que des réunions des AESH du PIAL soient organisées en début d’année, que ces personnels soient associés à la réalisation des emplois du temps, et qu’un document soit établi et remis à tous les AESH avec les noms, qualifications, rôles et coordonnées des membres du PIAL.
Dans le cas d’affectations sur plusieurs écoles et/ou établissements un réel échange d’informations doit être mis en place entre les coordonnateurs et directions. Par ailleurs, dans ce même cadre, un protocole sur les modalités et délais de prévenance de déplacement des AESH doit être établi pour empêcher des changements de lieu d’exercice à la dernière minute.
Les coordonnateurs et coordonnatrices ont souvent été absorbés par la question de l’attribution des moyens et ont parfois eu l’impression que l’évaluation des besoins qu’ils faisaient remonter n’étaient pas prises en compte par les DSDEN. La FSU demande toujours que soit explicitée la manière dont sont attribués les moyens aux PIAL.
Malgré des progrès depuis plusieurs années, les AESH ne sont pas toujours intégrées aux équipes et se voient parfois imposer des tâches qui ne relèvent pas de leurs missions (travail administratif, surveillance…). Il apparaît nécessaire de rappeler ces points aux pilotes et coordonnateurs des PIAL, ainsi qu’aux chefs d’établissements et directeurs et directrices d’écoles, et aux autres personnels.
Enfin, on constate une grande disparité entre les départements sur les missions des AESH référentes. En Lozère, l’AESH référente se déplace pour rencontrer les AESH sur leur lieu d’exercice et échanger sur les pratiques professionnelles. Dans l’Hérault, il n’y a pas d’AESH référente désignée par le DASEN mais des tuteurs et des tutrices au sein des PIAL, avec une quotité horaire variable et dont la mission n’est définie par aucun texte réglementaire. Pour la FSU, il est nécessaire d’harmoniser les situations en respectant les cadres réglementaires.
Formation des AESH
Caroline Sitjas dresse un bilan des dispositifs de formation en indiquant que le cadre est défini par l’arrêté ministériel du 23 oct. 2019 décrivant les objectifs de la formation des AESH (une formation initiale de 60h, d’adaptation à l’emploi, normalement dans le courant de la première année de recrutement, formation qui, pour l’instant, est assurée en partenariat avec des organismes certifiés du travail social : IRTS Montpellier ou CEMEA.)
Par la suite, les intéressé·e·s doivent suivre des formations continues, via la DAFPEN qui deviendra progressivement l’école académique de formation continue (EAFC).
Pour la formation initiale de 60h, Mme Sitjas indique que le Rectorat souhaite qu’une partie de ces heures soit désormais assurée par des personnels recrutés au sein de l’Éducation Nationale (AESH expérimenté·e·s ou autres personnels). En effet, les formateurs issus du travail social méconnaissent les spécificités du fonctionnement de l’Éducation Nationale.
Nous rappelons qu’il y a tout simplement une méconnaissance du livret d’accueil des AESH qui n’est que trop rarement distribué dans les journées de rentrée et qu’il serait peut-être nécessaire de programmer une formation rapide sur le fonctionnement des établissements et les missions de l’AESH au début du mois de septembre, dès l’entrée dans l’emploi.
La formation continue s’organise autour de groupes de formation localisés par département (environ 350 personnels en ont bénéficié en 2021-2022). Elle peut concerner soit des besoins spécifiques liés au métier d’AESH (approfondissement sur les handicaps), soit un accompagnement à la VAE pour obtenir le DE-AES (diplôme d’état d’accompagnement éducatif et social) pour les personnels non diplômés.
Il est précisé que la VAE sera compliquée désormais, avec la suppression de la spécialité « école inclusive » à compter de la rentrée 2022 pour ne conserver que les spécialités « accompagnement en établissement spécialisé » et « aide à la personne » dans le nouveau diplôme DEAES. Ainsi les AESH en poste ne pourront que difficilement se positionner sur la nouvelle VAE.
Les modules de formation d’initiative nationale (les MIN) sont très mal connus des AESH. M. Laffitte assure pourtant que ces personnels peuvent y candidater. La communication sur ces formations doit être amplifiée.
La FSU dénonce le fait qu’il y ait eu beaucoup d’annulation de formation continue dans le département du Gard depuis janvier 2022.
Nous soumettons la possibilité de créer un I-personnels AESH, sur le modèle de la plateforme I-Prof pour les personnels qui verraient ainsi s’actualiser les formations qu’ils ont suivies au cours des années écoulées. Actuellement, il n’y a aucun suivi par l’administration des formations délivrées à chaque personnel.
Communication des outils
Nous revenons sur l’absence de boîte académique systématique pour les AESH ou la difficulté d’accès à une boîte académique.
Il faut que l’administration se saisisse de cette question pour attribuer une boîte académique définitive à tous les personnels AESH quel que soit le type de contrat !
Nous demandons que l’accès à un poste informatique soit rendu possible pour tous les personnels, notamment ceux qui exercent dans le 1er degré, la difficulté étant moindre dans le 2nd degré.
Nous dénonçons l’absence de communication du PPS (projet personnalisé de scolarisation) qui n’est pas toujours spécifié aux AESH lors de l’accueil d’un élève. Il y a même des départements (Gard, Hérault), pour lesquels la MdPH ne transmet jamais les PPS !
Il conviendrait peut-être de créer une fiche normalisée « protocole d’accompagnement personnalisé » interne à l’EN, à défaut des PPS.
De manière générale, nous dénonçons les informations trop parcellaires délivrées aux AESH lors de la prise en charge d’un élève, situation aggravée par la mise en place des PIAL au sein desquels les personnels sont amenés à basculer d’un élève à un autre beaucoup plus souvent.
Conditions de travail des AESH
Le problème le plus évident est celui de la multiplication des élèves à accompagner, souvent au détriment de la qualité de l’accompagnement. Cette dégradation est aggravée quand on déplace des AESH le jour-même pour pallier une absence, en déshabillant Pierre pour rhabiller Paul. Le manque de moyens a des conséquences très claires sur les conditions de travail des AESH, mais aussi sur leurs conditions de vie (davantage de déplacements, cumul d’emploi rendu plus difficile).
L’accompagnement de certains élèves peut se révéler particulièrement difficile, comme le révèlent certains signalements sur le registre Santé Sécurité au Travail. Il est nécessaire d’accompagner les personnels sur le terrain et il faut que l’employeur assure la protection et l’information des agents, par exemple sur la reconnaissance de l’imputabilité au service (accident de travail).
Pour améliorer l’information des AESH sur le suivi des élèves, l’accès à du matériel informatique est indispensable. L’exclusion des AESH de la prime informatique n’est pas justifiée. L’employeur pourrait fournir un ordinateur portable. De plus, dans les écoles et les établissements les AESH n’ont pas toujours accès aux ENT.
La mise à disposition de matériel pédagogique adapté (pictogrammes…) pourrait faciliter l’accompagnement des élèves dans certains cas.
Enfin, l’instauration des PIAL a provoqué dans certains cas une inflation des tâches hors accompagnement des élèves. S’il est légitime de reconnaître l’expertise des AESH sur les enfants accompagnés, cela ne doit pas se traduire par des demandes excessives de rédactions de longs bilans écrits, par exemple.
Notre conclusion
Dans le cadre de ce groupe de travail et des quatre ateliers, la FSU a pu exposer les revendications des AESH en termes d’amélioration des conditions de travail, de formation, de communication et d’organisation.
Il n’en reste pas moins que la mise en place des PIAL a été le moyen pour le Ministère de renvoyer au niveau local la gestion du manque de moyens, en dégradant les conditions de travail des AESH et les conditions d’accompagnement des élèves.
Pour la FSU, il reste indispensable d’abandonner le cadre des PIAL et de recruter des AESH en nombre suffisant, et dans le cadre de la création d’un corps de fonctionnaires de catégorie B.
La FSU continuera de défendre une conception exigeante de l’inclusion scolaire , qui implique de ne pas voir la scolarisation des enfants en situation de handicap sous le seul angle de la logique comptable.