La FSU adresse un salut fraternel à toutes les femmes et à tous les hommes rassemblés ici à Narbonne comme dans le monde entier à l’occasion de ce 1er mai. Cette journée prend son origine dans le « moving day » lancé par le congrès des syndicats américains de 1884. Le 1er mai fut ensuite désigné « journée internationale des travailleurs et travailleuses » par la II Internationale. Les 9 morts de Fourmies en 1881 enracinent le 1er mai dans la célébration internationale des combats de la classe ouvrière. Depuis plus de 150 ans, le mouvement ouvrier s’organise au niveau international, portant dès sa création une exigence de paix et de revendications communes. Il est bon de rappeler l’internationalisme au moment où fleurissent les déclarations nationalistes et patriotiques et gardons bien présents à l’esprit les mots de Gerda Taro et Robert Capa photographiant les brigades internationales lors de la guerre d’Espagne : « il n’y a pas de nations, il y a le peuple. »
Et il va falloir que les valeurs du mouvement ouvrier résonnent en ce 1er mai tout particulier en France pour faire vivre l’espoir tant le contexte de l’entre-deux-tour des présidentielles est délétère. La mécanique institutionnelle monarchique de la cinquième République et l’oligarchie politico-médiatique ont accouché de leur piège pour le peuple et les travailleurs français : le choix mortifère entre la haine et le fric qui nourrit la haine, entre la peste brune-blonde et le choléra libéral.
Pour la FSU, une arrivée au pouvoir du Front National est inenvisageable. Outre les replis nationalistes, les discours de haine et de racisme, le programme du Front National est contraire aux objectifs et valeurs de solidarité, justice sociale, égalité et de paix que porte la FSU. Contrairement à un affichage anti-système, là où il est en responsabilité, le Front National déploie une organisation clientéliste et discriminatoire. Il dit parler « au nom du peuple » et des « petits », mais brise les solidarités en s’attaquant par exemple au milieu associatif et culturel. Pour réduire les impôts, il fragilise le service public. Compte tenu des pouvoirs octroyés au président de la Vème République, la prise de pouvoir du Front National serait une catastrophe pour notre pays : préférence nationale et racisme d’État aggraveraient encore les fractures de notre société. Les plus fragiles de nos concitoyens seraient les plus touchés. La FSU ne peut l’envisager.
Mais lutter contre les idées d’extrême droite implique de lutter contre les inégalités et les injustices, les politiques libérales en œuvre qui font le lit de l’extrême-droite depuis des années. Il s’agit de les combattre et de faire avancer nos revendications. Or le programme du second candidat prétend continuer sur la voie des politiques libérales et est porteur de graves reculs sociaux. Dans un contexte de chômage de masse, il veut supprimer 120 000 postes dans les services publics qui se dégradent déjà faute de personnels. Il dit vouloir « libérer le travail », c’est-à-dire aggraver encore la précarité des salariés et restreindre leurs droits. Il déclare vouloir gouverner, dès cet été, par ordonnances au mépris de la démocratie. Son programme, c’est en définitive renforcer encore les politiques menées depuis plus de trente ans et qui sont responsables de la montée de l’extrême droite dans notre pays.
Dans la période qui vient donc, sur le terrain social et syndical, quelle que soit l’issue de ces élections, il sera décisif de construire un troisième tour social, réussir dans l’unité à résister et à lutter à partir des revendications qui ont émergées du mouvement social lui-même ces dernières années : abrogation de la loi Travail, défense des conventions collectives et des statuts, défense de la sécurité sociale et du salaire socialisé, renforcement des services publics, défense du pouvoir d’achat des retraités, augmentation de salaires, défense des retraites par répartition et des régimes particuliers, égalité homme-femme, amnistie de tous les militants condamnés et arrêt des poursuites en cours.
À l’instar de la mobilisation exemplaire de nos camarades de la CGT contre la loi-travail, les organisations syndicales de transformations sociales, dont la FSU, seront toujours là pour faire progresser la cause des travailleurs et pour empêcher les faussaires de détruire ce que la classe ouvrière a durement conquis au fil des luttes sociales.
On le voit bien cette année encore le 1er mai, bien plus qu’une tradition sur un calendrier, garde sa pertinence de journée de lutte des travailleurs, pour rappeler que tous ensemble, notre devoir est de résister. Car notre tâche est grande, elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. Et n’abdiquons jamais face à ceux qui font le procés en ringardisation du mouvement social et de ses revendications ! Car ne nous laissons pas abuser : la majorité, la démocratie et la modernité sont du côté de ceux qui luttent pour la défense et l’extension des droits sociaux ! Alors, ce que nos aînés ont su faire avec le Conseil National de la Résistance, rebâtir l’espoir dans les décombres : tous ensemble, réussissons-le à notre tour !
Source: fsu11