Difficile de dire dans quel état serait l’Education nationale si le gagnant de la primaire à droite avait exercé le pouvoir pendant ce quinquennat. Ce que l’on peut toutefois affirmer c’est que François Fillon, premier ministre de N. Sarkozy, avait laissé l’école publique dans un triste état, ce que confirment différents rapports internationaux dont celui du CNESCO qui nous donne à voir les conséquences de ses décisions. C’est le résultat de l’école qu’il a construite, entre 2007 et 2012.
Le gouvernement actuel a proclamé la priorité à l’éducation et même la priorité au primaire. La loi de refondation prévoyait la création de 14 000 postes d’enseignants du premier degré. Le projet de loi de finance laisse apparaître qu’il en manquera 3000. La France reste l’avant dernière des pays de l’OCDE du point de vue des effectifs dans les classes avec une moyenne de 18,9 élèves par enseignant alors que la moyenne des pays de l’OCDE se situe à 15,3 élèves. C’est ce que souligne aussi l’évolution du P/E. Ainsi, notre académie a subi une baisse passant de 5,32 postes d’enseignants pour 100 élèves en 2010 à 5,25 en 2015, notre département de l’Aude a subi la même évolution passant dans la même période 5,35 à 5,29.
Les ambitions affichées par la refondation ne se sont pas vraiment concrétisées puisque les dotations en postes – certes positives – n’ont pas été suffisantes pour pallier les suppressions massives de l’époque Sarkozy-Fillon et en même temps faire face à l’augmentation démographique des élèves. Par conséquent, il nous faut dire pour le bilan de rentrée, dernier de la mandature, que la refondation de l’Ecole n’aura pas tenu ses promesses.
A partir de là, il est évident que les RASED n’ont pas été restaurés pour couvrir de façon efficiente l’ensemble du département, que la formation initiale a perdu en qualité par rapport à ce qu’elle était du temps des IUFM, que la formation continue est dérisoire, que la montée en charge de l’inclusion dans ces conditions met à mal de nombreuses équipes, que le plus de maîtres que de classes reste à la marge – très loin de la revendication que porte le SNUipp-FSU depuis sa création -, que la scolarisation des élèves de moins de 3 ans stagne autour de 10 % alors qu’elle était à 45 % en 2000.
A ce propos, l’écart entre le constat de rentrée 2015 et celui de 2016 pour l’Aude montre une baisse de 105 élèves dans l’enseignement public dont 101 en maternelle ; dans le même temps, l’enseignement privé enregistre une hausse de 135 élèves. Il est à noter que, dans le public, la baisse en maternelle est concentrée sur les 3-4ans. Ne serait-ce pas la conséquence des politiques menées depuis 2007 qui ont fait de l’école maternelle la variable d’ajustement de la carte scolaire, détruisant la tradition d’accueil des 2,5 ans qui prévalait dans notre département et qui permettait de fidéliser les jeunes enfants au sein de l’école publique au lieu de les voir s’égarer dans les calendretes ou des structures de scolarisation privée douteuses. A ce sujet, M. le Préfet, Mme la Directrice Académique, pouvez-vous nous dire ce qu’ont donné les vérifications demandées par M.le Préfet lors du CDEN de juillet dernier concernant l’enseignement hors contrat et la scolarisation à domicile ?
Pour terminer le bilan du 1er degré, en cette fin de quinquennat, comment ne pas revenir sur la calamiteuse réforme des rythmes scolaires ? Alors qu’il faut du temps pour comprendre et apprendre à l’école, à la rentrée 2008 le gouvernement Sarkozy-Fillon avait supprimé le samedi matin. Avec l’effet conjugué du fort recul de la scolarisation des enfants de deux ans à l’école maternelle, ce sont deux années d’école que des enfants ont perdues avant leur entrée au collège. La réforme des rythmes non seulement a entériné cette spoliation mais, en plus, a ajouté sa couche à la désorganisation voulue par la précédente réforme en engageant l’école dans la voie de la territorialisation. En accentuant les inégalités territoriales la réforme des rythmes scolaires est allée à l’encontre de l’idéal républicain d’une école laïque, gratuite et égalitaire pour tous les élèves de France. Laisser penser que seule la modification de l’organisation de ce temps allait améliorer les conditions de la réussite a été une tromperie qui a détourné l’attention des véritables problèmes de l’école. Cette occasion gâchée de transformer durablement l’école pour la réussite de tous les élèves laisse beaucoup d’amertume au sein de la communauté éducative et explique peut-être, pour partie, la progression de l’enseignement privé qui n’a pas été soumis à la réforme des rythmes.
Pour le second degré, comme dans le 1er degré, la complainte sur les classes surchargées en collège et lycée est malheureusement devenue un marronnier. Mais c’est bien la qualité des enseignements et des apprentissages des élèves qui est en jeu : ils valent mieux que le choix de la politique de restriction budgétaire qui a présidé à la préparation de rentrée. En collège, le seuil de 30 élèves est devenu monnaie courante, et 35 en lycée ! Et on a encore ouvert en juin des classes en catastrophe ! Et les prévisions pour la rentrée 2017 ne s’annoncent guère meilleures…
Quant aux nouvelles modalités de redoublement et d’orientation, elles fragilisent plus encore les élèves en grande difficulté et la série STMG qui voit ses effectifs bondir.
Dans les collèges, la rentrée a été marquée par la mise en application de la réforme 2016 censée améliorer la réussite de tous les élèves ! Les professeurs sont obligés de préparer simultanément les nouveaux programmes des 4 niveaux, un nouveau DNB et un nouveau Livret de scolarité unique, les élèves n’ont pas tous les nouveaux manuels faute d’une dotation suffisante de l’État, les enseignants n’ont pas le temps de se concerter pour mettre en place les EPI et l’AP, ils ne savent plus comment évaluer : avec des notes, des couleurs, des croix dans des items ?
Par ailleurs, la FSU s’inquiète de la fuite d’élèves vers les établissements privés sous contrat qui ne sont pas tenus de respecter certaines contraintes liées à la réforme du collège : nombre d’heures de cours par jour et par semaine ; maintien d’enseignements tels que les langues anciennes, les bilangues et les sections européennes. Cela mettra à mal la mixité sociale dans les établissements publics, comme le pointent déjà du doigt certaines études.
Dans tout le 2nd degré, cette rentrée est aussi marquée par de nombreux postes restés vacants. Ceci a pour effet d’accentuer la précarité des personnels enseignants sur le département. De plus, encore à ce jour, des personnels en congés ne sont pas remplacés dans les collèges et lycées du département.
En cette période, l’actualité est aussi celle des négociations pour la mise en application du protocole PPCR (Parcours professionnels, carrières, rémunérations) dans la Fonction publique et dans l’Education nationale. L’urgence sociale que représente l’amélioration du pouvoir d’achat, la reconnaissance des qualifications et du travail des agents est la priorité syndicale qui a amené la FSU à signer ce protocole. Cependant notre organisation continue d’expliciter auprès de l’ensemble des personnels concernés les points qui posent problème dans ce protocole depuis son adoption : l’insuffisante revalorisation des grilles au regard des pertes subies depuis plus de 15 ans (pertes aggravées par 6 années de gel de la valeur du point d’indice) , les mesures prévues ne répondant pas à elles seules à la déqualification des carrières qui s’est instillée au fil des ans pour aboutir actuellement à une vraie crise de recrutement dans la profession enseignante. Malgré cela, la FSU considère qu’il s’agit d’un début de revalorisation, et entend désormais consolider cet acquis. Elle continue donc à intervenir à tous les niveaux pour assurer l’effectivité de cette revalorisation dans les textes d’application de PPCR et surtout aller plus loin.
Pour la FSU, la hausse programmée des rémunérations ne doit pas masquer les problèmes concrets du terrain, très souvent liés au manque de postes d’agents nécessaires à un service public d’éducation de qualité pour tous les élèves, et en particulier pour ceux qui connaissent des difficultés scolaires. Par ailleurs elle ne règle pas la question de l’évaluation des personnels enseignants. Pour nous, cette évaluation doit être déconnectée de l’évolution des rémunérations. Elle doit rester un outil pédagogique à la main des différents corps d’inspection et ne doit pas permettre une mainmise administrative et caporaliste sur les évolutions de carrières des agents par les échelons administratifs de proximité.
En ces temps troublés où l’École est toujours au front, revenir à la réalité du terrain, prendre en compte les difficultés scolaires, écouter et respecter les personnels, tenir compte de leur professionnalisme et de leur expérience, mieux les former, mieux les rémunérer, travailler dans la durée pour améliorer le système éducatif, voilà un vaste programme auquel, pour notre part-à la FSU- nous souhaiterions pouvoir contribuer, loin des discours démagogiques et caricaturaux des prétendants à la présidence de la République. Dans le cadre de ce début de campagne électorale, ces discours remettent en cause les principes de la Fonction publique (solidarité, justice sociale, égalité….), ses missions (égalité d’accès aux droits fondamentaux, en particulier Santé, Éducation, Culture…), et montrent une volonté d’affaiblir sa capacité à répondre aux évolutions économiques, sociales, culturelles ou écologiques. La FSU reste profondément convaincue du rôle essentiel que joue la Fonction publique. Elle est un élément structurant de la société en permettant d’assurer l’intérêt général et contribuer à la cohésion sociale. Elle est donc bien un investissement et non une charge. C’est pourquoi la FSU s’est employée à marquer les 70 ans du statut général de la Fonction publique, non pas par nostalgie d’un âge d’or qui aurait existé mais parce que « le rappel du passé, l’évocation du présent visent à éclairer l’avenir » (La Fonction publique du XXIème siècle -Éditions de l’Atelier-2015).
Source: fsu11