Ce mardi 21 avril 2020 a eu lieu une toute première réunion entre les représentants des syndicats et la DASEN de l’Aude concernant la réouverture possible des établissements scolaires le 11 mai.

Rappelons d’abord que l’annonce du Président Macron d’une réouverture des établissements scolaires à partir du 11 mai 2020 n’a fait l’objet d’aucune concertation préalable et surtout n’a été validée par aucune autorité sanitaire. De fait elle semble avoir surpris le gouvernement et jusqu’au Premier Ministre. Poser d’emblée une date de reprise, c’est prendre le problème à l’envers.

Les annonces du ministre Blanquer, ce matin, s’inscrivent dans cette précipitation arbitraire, la DGRH (direction générale des ressources humaines) précisant même lors du CHSCT-ministériel aujourd’hui que le ministre Blanquer n’a annoncé que des hypothèses « parce qu’il fallait bien qu’il dise quelque chose devant la représentation nationale« . Rien n’est clair, on fait comme si…Et tout est reporté aux annonces que devrait faire le premier Ministre début mai.

C’est avec cette même position, sans aucune annonce précise à faire, que la DASEN a convié les organisations syndicales, cet après-midi du 21 avril, à une visio-réunion dans un cadre flou ni CTSD, ni Groupe de travail… « pour envisager le travail de communication et établir une liste de questions en vue de préparer le retour en classe du 11 mai. »

Pas étonnant alors que, dans l’inconfort d’une telle position, la DASEN accuse les représentant.es de la FSU de « faire un procès d’intention » et de nous sommer de « ne pas hausser le ton ». Alors qu’avec véhémence, nous avons affirmé que face à l’incompréhension, aux inquiétudes des personnels et des parents, nous souhaitions avoir des réponses claires concernant une priorité : la santé de la population, des élèves et des personnels ; savoir précisément de quels moyens disposeront les établissements scolaires pour garantir des conditions sanitaires optimales afin de garantir la santé de tous et ne pas créer de potentiels « clusters » scolaires qui relanceraient l’épidémie. !

Pour la FSU, pas de réouverture sans garanties sanitaires ! Seule la santé de toutes et tous doit guider le processus de déconfinement. Il doit, dans la logique du confinement lui-même, d’abord répondre aux enjeux sanitaires de la propagation du Covid19 et viser la protection des populations. Aussi, dans la mesure où aucune autorité sanitaire ne conforte le choix du 11 mai, cette date de déconfinement semble prématurée au vu de l’évolution de l’épidémie, et ce, quelles que soient les conditions.Il ne faut donc pas précipiter le déconfinement sous prétexte de vouloir relancer l’économie au plus vite.

1-DES PRÉALABLES : C’est pourquoi, pour la FSU, il semble nécessaire de n’envisager la réouverture des établissements scolaires que si un certain nombre de préalables sont respectés. Voici la liste de ces préalables que nous avons demandés :
- Proposer à tous les personnels (enseignant-es, AESH, AED, ATSEM, …) comme aux élèves la possibilité d’un test de dépistage sérologique pour déterminer qui a été contaminé et qui est susceptible de l’être.
- Déterminer un protocole national en cas de contamination d’élèves et/ou de personnels pouvant conduire à la fermeture de l’école.
- Mettre à disposition des masques et des visières en quantité suffisante, du savon, et du gel hydro-alcoolique, des serviettes et des mouchoirs jetables.
- Désinfecter avant chaque changement de groupe les locaux et le matériel scolaire collectif et chaque fois que nécessaire.
- Élaborer avec les collectivités locales et l’aide des acteurs de prévention, dont les CHSCT, des modalités précises d’organisation des écoles adaptées à de jeunes enfants pour tous les moments de la journée en fonction des locaux (sortes de PPMS locaux). Comment organiser la cantine, les récréations, le transport scolaire, l’accueil des parents, la garderie, l’échelonnement de l’accueil et de la sortie des élèves… ?
- Les collectivités locales devront être aidées par l’État pour faire face des besoins importants de personnel supplémentaire.
- Les équipes devront disposer d’un temps, suffisamment long et institutionnalisé, pour travailler à cette organisation en lien avec les autres personnels de l’école (ATSEM, AESH…).

2-DES CONDITIONS LIÉES AUX ÉLÈVES : Pour la FSU, avons ensuite demandé que soient respectées une liste de conditions concernant l’accueil des élèves :
- Retour progressif en commençant par les plus âgés, ceux de CM2 en élémentaire et ceux de GS en maternelle. Cela permettra d’analyser les obstacles à une école sous pandémie.
- Limiter drastiquement le nombre d’élèves accueilli-es en même temps dans l’école afin que les règles de distanciation sociales puissent être respectées dans la classe et dans tous les lieux de vie de l’école. (préaux, cantine, garderie, transports en commun…). Cette limitation devra être adaptée en fonction de la configuration des locaux et notamment du nombre de sanitaires disponibles.
- En maternelle, la question du retour à l’école des enfants se pose. Comment les accueillir, même en petits groupes, tout en respectant ces mêmes règles ? Les personnels des écoles devront décider en fonction des locaux et du nombre d’adultes présents. Un seul adulte en permanence ne pouvant permettre l’accueil de plus de 5 enfants voire moins pour les plus petits.
- Une attention particulière devra être portée aux conditions d’accueil des élèves en situation de handicap.

3-DES CONDITIONS LIÉES AUX PERSONNELS : Pour la FSU, avons enfin listé les conditions nous paraissant essentielle pour les personnels :
- Les personnels dit « fragiles » et/ou à risque, pour eux-mêmes ou pour leur entourage familial, ne pourront être présents au sein des écoles, qu’ils soient enseignants ou non, comme les AESH.
- Certains devront régulièrement garder leurs enfants quand ces derniers ne seront pas accueillis à l’école.
- Le nombre de personnels présent dans les écoles fluctuera donc et devra être anticipé pour organiser l’accueil des élèves.
- Les psychologues scolaires avec les RASED doivent pouvoir être disponibles auprès des équipes et des élèves ainsi que la médecine scolaire, notamment pour mettre en place des espaces de parole liés à cette période particulière qui a pu être source d’une grande souffrance.

Lors de cette réunion, La DASEN a précisé que nos demandes, remarques et analyses étaient notées par les personnels de la DSDEN et serviraient aux réflexions avant une éventuelle reprise. Cependant, la Directrice Académique, n’a pu nous donner que très peu de réponses renvoyant la responsabilité des décisions à l’échelon hiérarchique supérieur (Rectrice et/ou Ministre). Elle a réitéré son refus de réunir le CHSCT-SD, se retranchant derrière une décision de la Rectrice de l’Académie de Montpellier. Toute la hiérarchie du Ministre Blanquer aux DASEN reporte les décisions aux conclusions de la mission ­Castex, chargée de ­préparer le déconfinement du 11 mai. D’ici la fin du mois, le Premier Ministre devrait présenter « la doctrine et la stratégie » résultant de cette mission.

Ce mardi 21 avril, nationalement, dans la foulée du Comité Hygiène Sécurité et Conditions de Travail qui se tenait au ministère de l’Éducation Nationale, nos camarades des différents syndicats de la FSU (SNUipp, SNES, SNEP,…) ont produit un très sérieux travail de propositions qu’ils ont envoyé au Ministre Blanquer :