Ce groupe de travail académique s’est tenu le mardi 8 février 2022 à la suite de plusieurs mobilisations des AESH, et particulièrement celle du 19 octobre dernier, au cours de laquelle une délégation intersyndicale avait été reçue au Rectorat. Les nombreux dysfonctionnements liés à la généralisation des PIAL à la rentrée 2021/2022 avaient été signalés.
Mme Lopez, Directrice des Ressources Humaines, a précisé que l’objectif de ce groupe de travail était de discuter des leviers qui relèvent de la compétence académique (les salaires relevant du niveau ministériel) qui permettraient d’améliorer le fonctionnement des PIAL. Il s’agit « d’avancer vers l’organisation du PIAL idéal », avec le point de vue des représentants des personnels et de l’institution, de définir des axes de travail pour les prochaines séances et fixer un calendrier.
Elle rappelle que l’école inclusive est une bonne chose et que les PIAL sont une avancée importante qu’il faut aborder « avec enthousiasme » et qu’ Il faut s’exprimer sur ce que l’on veut voir émerger.
M. Fulgence, DASEN des Pyrénées-Orientales, en charge de la mission école inclusive, a expliqué que le PIAL a pour objectif la gestion des moyens humains mais aussi l’organisation d’un travail collectif autour de l’école inclusive. Il a concédé que le premier aspect avait pris le pas sur le second.
Il a rappelé que le 100 % PIAL sur les écoles et établissements de l’académie serait réalisé à la rentrée 2022, que « Le PIAL idéal » est un objectif ambitieux vers lequel l’intérêt est d’avancer ensemble sur des aspects bien concrets, en lien avec le métier particulier des AESH.
M. Laffitte, conseiller technique académique école inclusive, a insisté sur le fait que les PIAL n’étaient pas une fin en soi mais avaient pour objectif l’autonomie des élèves et l’efficacité des enseignements. Selon lui, les enseignants référents sont ceux qui peuvent le mieux évaluer les besoins des élèves car ils ont une connaissance fine des élèves accompagnés.
Il précise que :
– le PIAL est un outil et un moyen qui doit favoriser l’école inclusive, une place pleine et entière des AESH mais aussi de tous les personnels.
– le LPI (livret parcours inclusif) donnera accès aux documents de suivi des élèves à toute l’équipe éducative.
– l’autonomie évolue jusqu’à ce que l’élève n’ait plus besoin d’être accompagné.
Un travail est mené pour répondre aux besoins de formation.
Pour la FSU, nous avons fait état du fait que les retours que nous avions des PIAL étaient bien loin du « PIAL idéal».
Au contraire, la généralisation des PIAL s’est accompagnée d’une accélération de la mutualisation qui a considérablement dégradé les conditions de travail des AESH et la qualité de l’accompagnement des élèves. Il n’est pas rare de voir une AESH accompagner 8, 10, 12 élèves et on peut même trouver des élèves accompagnés par 3, 4, 5 AESH.
La réalité du terrain est qu’il n’y a pas de véritable évaluation du besoin des élèves bénéficiant d’une aide mutualisée mais un partage des moyens alloués. Dans de nombreux PIAL, les moyens attribués ne correspondent pas aux besoins réels des aides individualisées auxquelles les élèves ont droit et réduisent le nombre d’heures d’accompagnement mutualisé en multipliant le nombre d’élèves accompagnés par classe pour un ou plusieurs AESH.
Malgré la mise en place des PIAL, censée faciliter la reconnaissance de la professionnalité des AESH, il est toujours fréquent qu’il soit imposé à des AESH des tâches qui ne relèvent pas de leur compétence et du cadre de leurs missions définies par les textes réglementaires (surveillance de classe, travail administratif, …).
Enfin nous signalons des remontées extrêmement négatives sur l’organisation des PIAL et gestion des AESH qui subissent des changements continuels d’EDT qui créent de l’instabilité pour les AESH comme pour les élèves. Souvent, les AESH se demandent aussi qui coordonne quoi et qui gère quoi dans le PIAL.
Concernant la cartographie des PIAL, nous rappelons qu’aucune concertation en amont n’a été menée. Des choix très différents ont été faits selon les départements et les zones géographiques, et certains montrent déjà des limites : les secteurs de recrutement des collèges n’ont pas été conçus pour être des secteurs d’affectation des AESH !
Nous avons vivement contesté les discours sur l’objectif qui serait de mener à l’autonomie tous les élèves accompagnés, tout comme l’idée que les AESH devaient « travailler à leur disparition ». Ces raisonnements font peu de cas de la réalité du terrain, de la diversité et de la connaissance des handicaps des élèves notifiés MDPH.
Nous avons rappelé que certains emplois du temps délirants, tant du point de vue des élèves que des AESH, avaient de toute façon peu de chance de rendre les élèves plus autonomes : l’accompagnement discontinu de certains élèves et par plusieurs AESH met en difficulté les AESH et les empêche de fournir une aide efficace.
Il est préconisé que les AESH fassent partie de l’équipe éducative. Un travail en bonne intelligence, qui les impliquerait par exemple dans l’organisation des emplois du temps, pourrait éviter des situations où des AESH accompagnent 15 élèves sur 7 classes, ce qui est là totalement contre-productif et amène à des situations de souffrances tant au niveau des AESH que des élèves. Les enseignants référents ont en charge jusqu’à 400 dossiers d’élèves notifiés, les AESH au plus près des élèves doivent là aussi pouvoir s’exprimer sur les besoins des élèves et leurs missions auprès d’eux et être conviées aux ESS et non pas être en charge de surveillance de classe lorsqu’elles se tiennent !
L’administration observe qu’il est intéressant de regarder les problématiques et de proposer des solutions. À la clôture de cette première séance, quatre axes et sous-groupes de travail sont proposés :
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animation et le pilotage du PIAL,
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communication et accès aux outils,
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conditions de travail des personnels,
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formation
La FSU continuera de porter les revendications des AESH, au niveau, académique et dans les départements en défendant une conception ambitieuse de l’école inclusive et en dénonçant les dérives des PIAL, qui ne peuvent être la solution, comme le soutient l’administration, rejointe en cela par certaines organisations syndicales, notamment l’UNSA.
Nous continuerons de revendiquer une gestion humaine de la scolarisation des élèves en situation de handicap et des AESH, ce qui implique de consacrer les moyens nécessaires à l’école inclusive.