Cette année, la carte scolaire a été un grand exercice de bonneteau dans lequel l’administration s’est montrée particulièrement habile pour communiquer sur le bien fondé des décisions prises.
Les représentant·e·s FSU au CTSD sont Jean-Louis Burgat, Julia Pourhomme et Blandine Allabert (SNUipp-FSU), Hélène Maillot et Delphine Ben Youssef (SNES-FSU) et Marjorie Magron (SNEP-FSU).
En premier lieu, l’administration justifie la dotation négative par une baisse démographique de 472 élèves et un taux d’encadrement (P/E nombre de postes enseignants pour 100 élèves) des plus confortable de l’académie. L’administration pousse même le raisonnement jusqu’à prétendre que, dans une telle situation, notre département aurait dû rendre des postes !
Pour la FSU, tout au long des instances, il s’est agi de battre en brèche un tel discours. Non, nous ne perdons pas d’élèves ! Bien au contraire ! Dans la tranche 4 ans jusqu’aux CM2, nous sommes même en augmentation de 368 élèves.
Une fois de plus, c’est la baisse de scolarisation des 2,5 ans, entretenue depuis plusieurs années, qui explique cette soit disant baisse de la démographie scolaire.
En réalité, pour gérer la rentrée 2019 avec une dotation de 0 postes, la DASEN de l’Aude a pratiqué un large redéploiement des moyens, se constituant une épais matelas de postes par fermetures de 16 postes de PDM et 3 postes de mis à dispositions auprès du CMPP.
Avec ces 19 postes ainsi récupérés (sans bilan ni évaluation de leur action !),il est devenu alors plus facile pour la DASEN de :
dédoubler les CE1 en REP,
préserver les écoles en milieu rural,
ouvrir des postes pour faire face aux besoins éducatifs particuliers : 2 ULIS, 2 UPE2A, 1 référent
ouvrir des classes (5 en élémentaires et 1 en maternelle) pour pallier les sureffectifs vécus dans les écoles de Carcassonne et Narbonne.
Pour la FSU, de telles orientations et décisions sont positives. Malheureusement, elles sont prises au détriment d’autres dispositifs qui avaient toute leur place dans une politique ambitieuse pour la réussite des élèves audois.
La mesure CP et CE1 à 12 semble être l’alpha et l’oméga de la politique éducative et serait ainsi le remède à tous les maux. S’il est important de donner plus à ceux qui ont moins, cela ne saurait se faire au détriment de ceux qui n’ont déjà pas beaucoup, c’est à dire tous les élèves qui sont en difficulté quelle que soit leur classe ou leur école. A quand un vrai budget pour généraliser cette mesure à toutes les écoles ?
Les postes PMC étaient des dispositifs qui permettaient une aide aux élèves et aux équipes dans des secteurs qui ne sont pas en éducation prioritaire. Ces postes apportaient une aide qualitative dans des écoles en difficultés, la plupart avaient fait leurs preuves.
Liste des PDM fermés lors de cette carte scolaire :
école élémentaire de Bram,
école élémentaire Jean Jaurès à Carcassonne,
école élémentaire Jules Ferry à Carcassonne,
école élémentaire de l’Est à Castelnaudary,
école élémentaire Jean Moulin à Castelnaudary,
école élémentaire à Couiza,
école élémentaire Frédéric Mistral à Lézignan-Corbières,
école élémentaire Jean Moulin à Limoux,
école élémentaire Arago à Narbonne,
école élémentaire Montmorency à Narbonne,
école élémentaire Voltaire à Narbonne,
école élémentaire André Pic à Port-La-Nouvelle,
école élémentaire à Rieux-Minervois,
école élémentaire à Sigean,
école élémentaire les Floralies à Trèbes,
école primaire à Villasavary organisée en RPI concentré
De même, l’expérimentation du dispositif CP isolé en milieu rural (permettre aux élèves de CP hors REP d’être accueillis sur une classe à simple niveau avec effectifs allégés) permet de travailler ans de bonnes conditions avec un effectif allégé. C’est le constat dressé par la DASEN elle-même lors du CDEN. Pour le FSU nous regrettons que le manque de moyens à cette carte scolaire ne permette pas de généraliser un tel dispositif à l’ensemble des écoles du département.
En outre, 4 postes sont consacrés à la formation des personnels. 6 formateurs à mi-temps (1 par circonscription d’IEN) seront chargés de la formation en maths selon le plan Villani-Torossian ; 4 formateurs à 0,25% pour la formation ASH.
Ces postes ne pourront pas compenser le manque de formation continue ou pallier aux problèmes récurrents liés à l’augmentation du nombre d’élèves à besoins éducatifs particuliers ou hautement perturbateurs. Plutôt que vouloir imposer aux forceps la pédagogie réac à la sauce Blanquer, plutôt que vouloir expliquer aux enseignant.es comment se passer des moyens qui manquent pour lutter contre la difficulté scolaire et réussir une inclusion raisonnée, ces 4 moyens auraient été mieux utilisés par l’ouverture de postes en RASED !
OUVERTURES CLASSES ET DISPOSITIFS ULIS L’intervention des délégués de la FSU 11, grâce aux informations que les écoles concernées nous avaient fait parvenir, a permis d’obtenir et de revendiquer plusieurs ouvertures de classe. Cf ci-dessous. Sans oublier les moyens ULIS pour lesquels nous bataillons instance après instance au niveau départemental comme au niveau de la région. Nous rappelons ici que pour l’Aude, nous avons gagné l’ouverture de 2 ULIS école et que notre académie a reçu une dotation de 11 postes ULIS collège (la ventilation entre les cinq départements de l’académie n’est pas encore décidée par la Rectrice). Ces avancées sont à mettre au crédit de l’intervention des délégués de la FSU dans toutes les instances où ils et elles siègent.
Les ouvertures de classes que nous demandons en plus de celles qui sont prévues :
Enfin, en filigrane de cette carte scolaire, se dessine un grand risque pour les écoles rurales : la convention ruralité ! Dans déjà plus d’une vingtaine de départements français, sous couvert de construire une école de qualité quel que soit le territoire, il s’agit en réalité de réorganiser le maillage des écoles rurales.
Fermetures de petites écoles, fusions d’écoles, concentration des écoles, rapprochement école-collège, le choix est fait de transformer l’école rurale sur le modèle urbain, celui de grandes structures et, au passage, récupérer un grand nombre de postes !
Aucune information ne nous a été donnée sur le sujet lors des différences instances. Nous savons que la DASEN de l’Aude est allée à la rencontre des maires des l’Aude et a tenu 2 réunions sur le sujet de la carte scolaire.
Par ailleurs, la mise en place d’un RPI concentré sur Canet fermant de fait les écoles de Raissac et Villedaigne, l’expérimentation d’un rapprochement de l’école de Missègre sur le seul site d’Arques, et le ciblage d’écoles rurales (à 1, 2 ou 3 ans avant fermeture) annoncé lors d’un groupe de travail sur la carte scolaire sont des signes très inquiétants.
Pour cette raison, dans notre déclaration au CDEN, nous avons interpellé les élu.es afin que cette question sorte de l’opacité dans laquelle elle est traitée et que soient bien mesurés les risques qui pèsent sur l’école rurale audoise.
Extrait de la déclaration FSU 11 au CDEN du jeudi 14 février 2019 :
» Nous nous tournons vers les élu.es pour leur faire part de notre inquiétude concernant l’école rurale. Lors de la 1ere conférence nationale des territoires, le président de la République a déclaré que les « territoires les plus ruraux ne peuvent plus être la variable d’ajustement d’économies » et a annoncé qu’ « il n’y aura plus de fermetures de classes en écoles primaire ». Un certain Jean-Michel Blanquer a même déclaré le 11 janvier dernier que « l’école primaire rurale réussit mieux que la moyenne. Sa dimension humaine est au service de l’épanouissement des enfants ». Mais, année après année, les mesures prises par le ministre de l’Éducation ne vont pas dans ce sens. L’amplification des conventions ruralité est toujours d’actualité et les leviers d’action mobilisés dans ces projets laissent planer le doute. Le plus souvent ces projets restructurent les réseaux d’écoles, en les concentrant sur un seul site ou en les rapprochant du collège. La logique est celle d’une concentration dans le cadre des regroupements pédagogiques concentrés, avec pour conséquences des fermetures d’écoles et un maillage moins dense des écoles rurales. A cela s’ajoute la baisse du budget des collectivités territoriales qui se traduit, particulièrement en zone rurale, par moins de services publics donc par une difficulté pour satisfaire les besoins des usagers et assurer les missions. Cette politique remet en cause la prise en compte de l’intérêt général et le rôle irremplaçable tenu par le service public en termes de cohésion nationale. La fermeture des petites écoles concourt à la mise en concurrence des territoires, au sentiment d’abandon qu’expriment de nombreux citoyens éloignés des pôles urbains, mais aussi au développement de l’offre concurrentielle en matière d’éducation. L’école privée hors contrat est la première bénéficiaire et voit ses effectifs augmenter. Pour la FSU, une restructuration du réseau des écoles qui mènerait à la réduction, voire à la disparition du service public d’éducation dans certains territoires ruraux, et à terme à leur désertification, n’est pas acceptable. L’école rurale a des atouts sur lesquels il faut s’appuyer, comme les effectifs, la taille des écoles, la réussite scolaire ou le lien de proximité avec les familles.
Nos délégués ont été très contrariés d’apprendre une nouvelle décision de fermeture (La Gravette élé) proposée par la DASEN en séance, alors qu’elle ne figurait sur aucune document transmis par l’administration aux organisations syndicales et n’avait pas été mise à l’ordre du jour du groupe de travail précédent le CTSD. Comment, dans ces conditions, faire notre travail de vérification et de prise de renseignements auprès des collègues concernés ? Le SNUipp-FSU 11 rappelle à la DASEN que l’administration est tenue de fournir aux organisations syndicales les documents nécessaires au travail de ses délégués.
Nous regrettons que l’ouverture prévue sur le RPI Mailhac/Pouzols n’ait pas pu être actée de façon ferme et définitive suite à des « problèmes d’investissement des communes dans de nouveaux locaux et par crainte de la non stabilisation des effectifs » selon la DASEN.
Ce projet global reste très problématique du fait de l’insuffisance de la dotation (0 postes pour l’Aude). Tous les délégués du personnel ont donc voté contre ce projet de l’administration, SAUF ceux du SNE-SNALC… À cause de l’abstention du SNE-SNALC, l’administration n’aura pas à convoquer un CTSD de repli permettant de nouveaux débats.
Du coup, le CDEN s’est tenu dans la foulée ce jeudi 14 février !
Lors de ce CDEN, la DASEN a maintenu les propositions d’ouvertures et de fermetures qu’elle avait proposées au CTSD.
La FSU 11, soutenue par les élus du conseil départemental et les autres organisations syndicales, a demandé le maintien de la mise à disposition des postes de maîtres G auprès des CMPP de Carcassonne et Narbonne.
Après de multiples échanges, la DASEN a concédé la possibilité pour les CMPP de demander à conserver les personnels concernés par voie de détachement. Or, le détachement est un recul salarial pour ces personnels et va à l’encontre de l’engagement de l’Education Nationale auprès de ces établissements.
Rappelons ici que les maîtres G du CMPP ont bénéficié d’une formation unique et sans équivalent sur le territoire, à savoir un recrutement après 10 ans d’expérience, une formation théorique d’un an suivie d’un an de formation pratique. Ces enseignants accompagnent plus de 180 enfants, dont de nombreux adolescents de collège (où le RASED n’existe pas) et sans l’action de ces enseignants formés, la liste d’attente des prise en charge qui est actuellement de 2 ans, sera majorée de 30%.
Le SNUipp-FSU 11 a une nouvelle fois déploré le manque de moyens alloués , d’une façon générale, à notre département. La réussite de nos élèves nécessite un projet ambitieux pour l’École et cela passe par des moyens à la hauteur des enjeux :
Une baisse des effectifs dans toutes les classes, baisse indispensable à la réussite de nos élèves et à l’amélioration de nos conditions de travail ;
La reconstitution des RASED à hauteur un RASED complet (1 psychologue, 1 maître G et 2 maîtres E) pour 800 élèves. Pour notre département, il faudrait donc 38 RASED. Il manque donc 58 postes
relancer une formation continue de qualité à hauteur d’une semaine par an et par enseignant-e.
le retour des postes de Plus de Maîtres que de Classes dans les REP et REP+ et leur généralisation dans toutes les écoles ;
La prise en compte des élèves de 2,5 ans afin de favoriser la scolarisation et la fidélisation de tous les enfants à l’école publique.
Mme Tamara Rivel, conseillère départementale, est intervenue également en ce sens, appuyant les propos de notre organisation syndicale et votant contre les mesures proposées par la DASEN.
Au final, c’est un vote quasi unanime (1 abstention pour 18 contre et 0 pour) contre cette carte scolaire. Nul n’est dupe du large redéploiement opéré pour boucler la carte scolaire de la rentrée 2019.