Premier degré : La préparation de rentrée 2015 dans les écoles se poursuit mais rien n’indique qu’elle sera meilleure que la précédente tant pour les enseignants que pour les élèves. Le SNUipp-FSU a mené une enquête nationale afin de connaître les premières tendances de la répartition des 2511 postes supplémentaires annoncés dans le premier degré à la rentrée prochaine. En moyenne, au niveau national, 47% des moyens ont été utilisés par les IA. Les 1172 postes encore disponibles seront probablement utilisés essentiellement pour ouvrir des classes. A ce propos, pourriez-vous, Madame l’Inspectrice d’Académie, nous communiquer la balance des opérations de carte scolaire ? De combien de postes disposerez-vous pour faire face aux nombreuses situations de sureffectifs qui se confirmeront et celles qui risquent de se révéler à la rentrée de septembre ?

Au final, au cours de cette campagne de carte scolaire, au niveau national, une classe sera ouverte pour 60 élèves supplémentaires ! Dans ces conditions, les nouveaux dispositifs tels que le plus de maîtres que de classe, la scolarisation des moins de trois ans ou la restauration des RASED vont rester à la peine. D’autant plus à la peine dans l’Aude, département laissé pour compte depuis de trop nombreuses années. Le nombre d’absences non remplacées restera encore trop élevés (à ce sujet, nous attendons toujours les chiffres promis lors des derniers CTSD) ; de nombreux élèves en difficulté ne pourront encore être correctement suivis par le RASED ; et les sureffectifs vont continuer de s’étendre ; quant à la scolarisation précoce en maternelle, ce n’est pas encore pour demain qu’elle sera relancée…

Pour le SNUipp-FSU, le principal levier pour améliorer nos conditions de travail et faire réussir tous nos élèves reste la baisse des effectifs mais encore une fois le costume est trop étriqué et la dotation de 5,5 postes paraît bien dérisoire face à cet enjeu majeur.
Si la circulaire de rentrée 2015 présente des intentions généreuses, sur le terrain les conditions d’exercice du métier ne s’améliorent pas, voire se dégradent. Faute de moyens, l’accompagnement et la formation continue continueront à rester les grands absents, alors qu’ils sont indispensables pour aider le travail des enseignants.

Collectivités territoriales : Avec 3,7 milliards de moins pour les collectivités locales, la politique d’austérité qui frappe les communes aura un impact direct sur le fonctionnement des écoles : locaux, mobilier, matériel, fournitures, équipement informatique, sorties scolaires, ATSEM. Ces moyens sont revus à la baisse dans un contexte déjà fortement inégalitaire. Baisse sur les dotations aux écoles, baisse des crédits pour les transports, fin des études surveillées. Avec la généralisation des PEDT, combien de mairies envisagent également dès la rentrée de passer aux taux d’encadrement dérogatoires (1 pour 14 en maternelle et 1 pour 18 en élémentaire) sur les temps de CLAE. Pourriez-vous nous dire, dans l’Aude, quelles conséquences auront ces restrictions budgétaires sur le fonctionnement des écoles ?

Pour terminer, rappelons que le SNUipp-FSU a lancé une alerte sociale pour la rentrée afin de tout mettre en oeuvre pour exiger que d’autres moyens soient mis à la disposition de l’Ecole pour la réussite de tous les élèves et l’amélioration de nos conditions de travail.

Second degré : La FSU considère que la réforme du collège qui, à ce jour, nous est imposée est fortement adossée aux préconisations du rapport sur la grille horaire des enseignements au collège, commandé 1 an après la loi FILLON de 2005 et rédigé par l’Inspection Générale des Finances, l’IG de l’administration de l’EN et l’IGEN. Partant de là, et au nom d’une politique plus libérale que sociale, l’inacceptable passage en force du 20 mai prend tout son sens. Mais la FSU n’est pas dupe de ce qui se joue aujourd’hui et malgré tous les efforts de la Ministre de l’Education Nationale pour « parer » la réforme des plus belles intentions en faveur de la lutte contre l’échec scolaire et l’habiller du « mirage pédagogiste » qu’est le recours à l’Interdisciplinarité, le sens des réformes est toujours le même : réduire les coûts du service public et attaquer « sans avoir l’air d’y toucher », à la structure du système éducatif.

La dernière baisse des horaires obligatoires en collège date de 2001, Jack Lang était alors Ministre de l’Éducation, déjà un ministre socialiste ! Pour introduire les IDD dans la grille horaire (Tiens déjà de l’interdisciplinaire …), avaient été mises en place des « fourchettes horaires » dans chaque discipline (plus ou moins 1 heure par niveau de classe en 5° et 4°). Quelques années après, toutes les disciplines concernées se sont retrouvées au bas de la fourchette et les IDD se sont transformés en soutiens scolaires « disciplinaires » ou en autant de moyens permettant d’alimenter le dédoublement de classe ou la mise en place d’options !

Si l’on entre dans l’analyse de la réforme du point de vue des moyens, on ne peut que constater que le gouvernement attaque de manière frontale et dans des proportions jamais atteintes les horaires obligatoires. Pour la FSU11, si le gouvernement persiste, il va commettre une erreur historique que les adversaires politiques utiliseront, si d’aventure ils accèdent au pouvoir dans 2 ans, pour continuer à réduire le coût du collège. En effet, pour la FSU, en choisissant de réduire le volume horaire des enseignements disciplinaires obligatoires et en augmentant la marge d’autonomie des établissements via les EPI, l’AP et la dotation complémentaires par classe, ce gouvernement déroule le tapis rouge aux tenants du toujours « moins et moins bien d’école ». Car l’opposition, une fois revenu au pouvoir aura beau jeu de dire que ce sont les socialistes qui ont baissé les horaires obligatoires mais que devant les contraintes budgétaires ou par choix politique, elle ne pourra pas faire autrement que de réduire la marge d’autonomie ! Certes, les effets négatifs de la réforme du collège, peuvent être « masqués » en 2016-2017 et 2017-2018 par les derniers budgets de l’EN votés par un parlement « social-libéral »… Mais que se passera-t-il dès la rentrée 2018-2019, suite à l’élection présidentielle et aux législatives de mars et juin 2017, potentiellement porteuses d’un changement d’orientation politique et budgétaire en matière de politique éducative ?

Mais si l’on dépasse la question des moyens et que l’on entre dans l’analyse par le versant pédagogique, et organisationnel, bref « la réalité du terrain », la FSU considère cette réforme comme dangereuse, inéquitable et inapplicable. Inéquitable car comme nous venons de l’évoquer le gouvernement fragilise l’égal accès de TOUS les élèves à la culture et aux savoirs car demain, c’est à la fois « l’obligatoire » et la « marge » qui risqueront d’être réduits. Il en portera, avec tous ceux qui l’auront porté et défendu, l’entière responsabilité politique. Inéquitable et inapplicable, car comme aucun gouvernement ne pourra s’engager à stabiliser dans le temps les 3 variables suivantes : 1- Stabilité de la structure de l’ établissement, 2 – Stabilité de la DHG d’une année sur l’autre, 3 – Stabilité de la scolarité de chaque élève dans la même classe, au sein du même collège de la 5° et la 3°, sur la base de l’article 7 et de l’article 10 et au regard des éléments que nous venons de porter à la réflexion, personne ne peut garantir qu’à la fin du cycle 4, chaque élève aura eu DROIT à la totalité du volume d’enseignements obligatoires dans toutes les disciplines et dans les 6 thèmatiques sur 8 des EPI ? De plus la FSU11 affirme que la réforme ne pourra pas, malgré les précautions de la Ministre via l’art 10, garantir l’égalité du droit de chaque élève de se voir dispenser le même volume horaire consacré aux enseignements disciplinaires obligatoires au collège.

Enfin, une concurrence entre les disciplines et les personnels va s’ouvrir lorsqu’il s’agira de ventiler à la fois les moyens EPI et AP + « la marge » dans le but de créer ou sauver des postes / « son poste » … ou a contrario de supprimer des postes / « son poste », dans telle ou telle discipline, sans oublier les enjeux sur les compléments de service ! En portant de 10 à plus 20% la partie de la DHG « à la disposition de l’autonomie de l’établissement », le gouvernement va exacerber les tensions dans les équipes pédagogiques et dégrader/ précariser les conditions d’affectation d’un très grand nombre d’enseignants car les dispositifs seront par nature fluctuant d’une année sur l’autre. Et nous n’osons pas évoquer alors la situation des chefs d’établissement qui d’après un communiqué de presse du syndicat majoritaire sont proches du burn-out…
Enfin, dans un contexte où la « structure » de l’établissement et la coloration « annuelle » des postes, pilotent grandement la ventilation de la DHG, comment concevoir que ces éléments « variables » puissent s’articuler avec la « permanence » du projet d’établissement que devra traduire le conseil pédagogique ? Il y a là encore percussion des intentions affichées avec la réalité du terrain.

Non ce n’est pas de cette réforme que le collège a besoin ! Loin d’une approche corporatiste, argument régulièrement lancé à la figure du SNES et du SNES par tous ceux qui ne veulent pas voir la réalité, la réforme que nous appelons de nos voeux doit être guidée par la lutte contre l’échec scolaire. Pour la FSU, cela passe par des conditions d’étude et de travail améliorées et la satisfaction des revendications des personnels :
Une DHG qui ne soit pas à l’heure près qui permette des horaires élèves plus élevés,
Des dispositifs de soutien et d’approfondissement, moins d’élèves par classe, des possibilités de co-interventions.
Des moyens pour construire des projets (disciplinaires ou interdisciplinaires) à partir de besoins identifiés et de les réaliser dans l’intérêt des élèves, besoin de temps de concertation sur le cœur du métier et moins de réunions inutiles,
moins d’injonctions et de prescriptions d’ordre pédagogiques ou administratives,
Des salles de classes en nombre suffisantes et de qualité.
De la formation et de la recherche pour alimenter la formation… autres que m@gistère et l’accompagnement institutionnel qui sont des investissements à courte vue.
Au sein de la FSU, les syndicats SNES et SNEP continueront à mobiliser les personnels dès la rentrée pour mettre un terme à la mise en place de cette réforme à « marche forcée ».

Source: fsu11